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L’addiction aux écrans : avis d’expert

Avis d’experts, au programme du mois de mai 2019 :

Les écrans : un problème d’addiction ?

Le Dr Alexandre Baguet chef du service d'addictologie a répondu à vos questions sur l'addiction aux écrans.Les écrans prennent une place de plus en plus importante dans nos vies. Tablette, smartphone, télévision, ordinateur : ils sont devenus incontournables. Les conséquences de cet usage sont majeurs : la dépendance à l’écran est un problème de santé publique incontestable, en particulier chez les plus jeunes.

Préserver les plus jeunes

Avant l’âge de 5 ans, l’écran en lui-même est très délétère. La tablette fait plus de dégâts que la télévision : elle est interactive donc isole davantage l’utilisateur, elle le coupe de l’extérieur. Les repères des parents ne correspondent pas du tout au monde dans lequel évoluent les enfants d’où leur incompréhension.

Le contenu plus dangereux que l’outil

L’écran n’est qu’un outil. On n’est pas dépendant de l’écran mais de son contenu, comme les jeux ou le sexe par exemple. Internet est une révolution analogue à l’arrivée de l’électricité : en 10 ans tout le monde s’est retrouvé derrière un écran !

Écoutez notre expert dans l’émission « Le Dossier »

 FranceBleu-Normandie   Podcast du Dossier de France Bleu Normandie (100,1) du mardi 7 mai 2019.

Notre expert vous répond

[Question]
Bonjour, Pour un enfant de 3 ans, quelle est la durée moyenne que peut regarder un écran afin d’éviter l’addiction ? Respectueusement
[Réponse]
Bonjour, Avant 5 ans, il faut limiter autant que possible le temps passé devant un écran. Surtout, le plus important est d’être en interaction avec son enfant : lui faire des câlins, jouer avec lui, le promener, lui faire rencontrer d’autres personnes, d’autres enfants du même âge que lui… Bref, le moins d’écran possible, mais surtout l’écran ne doit pas empêcher toutes ses activités stimulantes très importantes, c’est essentiel. Bien cordialement

[Question]
Bonjour, Mon fils de 13 ans joue avec importance aux jeux vidéo. Il existe énormément de conflits et une relation tendue au sein de notre famille. Dès que nous mettons des règles en place, il a du mal à les respecter (horaires, être à l’heure à table, retard quand il doit arrêter à l’heure voulue aussi il participe quand même à des activités avec nous mais il ne reste pas motivé) ainsi il devient agressif et vulgaire verbalement et rejette la faute sur mon mari et moi et il a du mal à en discuter avec nous.
Ainsi je souhaiterais savoir comment pouvoir apaiser ce climat de tension, faut-il arrêter les jeux, et surtout comment pouvoir discuter avec lui sans qu’il existe des tensions ? Merci une maman en difficulté.
[Réponse]
Bonjour, Les difficultés que vous rencontrez sont probablement fréquentes, et vous abordez cette problématique de façon sans doute très pertinente : la vrai question est de faire baisser les tensions. Mettre des limites est essentiel (sans pour autant interdire totalement la pratique du jeu). Et que ces limites provoquent un conflit est normal, car la tendance naturelle est de les dépasser pour un préadolescent, de les faire respecter pour les parents. C’est comme cela aussi que l’on grandit. A condition cependant de gérer ce conflit le plus positivement possible, en préservant un dialogue de qualité entre votre enfant et vous, ses parents. Ce qui demande sans doute beaucoup d’énergie à tous.
Chacun a ses méthodes pour préserver le dialogue : s’exprimer calmement, sur un temps dédié et pas ‘entre deux’, prévenir son fils préalablement que le sujet va être discuté, s’accorder préalablement sur le fait que chacun devra faire des concessions, ou encore que les règles établies à un moment donné sont susceptibles d’être réévaluées, de fixer des objectifs réalistes (par exemple passer 2 jours par semaine sans jeu, jours à fixer avec votre fils, ou encore respecter les horaires de repas en famille)… En tout cas l’écoute est essentielle, pour comprendre les difficultés de votre fils : sans doute vous expliquera-t-il par exemple qu’il est très frustrant d’interrompre une partie en cours pour arriver au repas à la minute précise, et vous-même pourrez vous lui expliquer qu’arriver au dessert c’est un peu trop tard… et ainsi d’aboutir à un compromis acceptable par chacun.
Et pour les parents, ne pas voir que ce qui ne va pas. Il est important d’exprimer aussi ce qui va bien, de féliciter son fils quand il respecte les règles, de valoriser ses progrès, de lui dire qu’on a remarqué ses efforts, même si tout n’est pas parfait. Bien entendu, c’est facile à écrire à distance…
Parfois, malgré les efforts de chacun, le dialogue ne se rétablit pas, la situation reste problématique. N’hésiter pas alors à vous faire aider, par exemple auprès d’une CJC (consultation jeunes consommateur). Il en existe plusieurs, et elles vous recevront même sans votre fils. Je vous souhaite bon courage, Bien cordialement

[Question]
Bonjour, Est-il possible de savoir quels sont les critères d’une addiction aux écrans ? Comment aborder un adolescent de 15 ans qui se défend d’être addict aux écrans ? Merci
[Réponse]
Bonjour, Il n’existe pas à proprement parlé de critère d’une addiction aux écrans. Ce qu’il est important de considérer, c’est les inconvénients qu’entrainent trop de temps passer devant l’écran, en particulier les activités que cela perturbe, comme par exemple : manque de préoccupation pour les activités scolaires, manque d’interaction avec son entourage, repli sur soi, absence de repas en famille, absence d’activité sportive, ….
Pour ce qui est de la deuxième partie de votre question, il est important avant tout d’entretenir avec l’adolescent un dialogue de qualité. Chacun a ses méthodes pour préserver le dialogue : s’exprimer calmement, sur un temps dédié et pas ‘entre deux’, prévenir préalablement que le sujet va être discuté, s’accorder préalablement sur le fait que chacun devra faire des concessions, ou encore que les règles établies à un moment donné sont susceptibles d’être réévaluées, de fixer des objectifs réalistes, avec une certaine souplesse… En tout cas l’écoute est essentielle, pour comprendre les difficultés de l’autre, se placer du point de vue de l’autre.
Et pour les parents, ne pas voir que ce qui ne va pas. Il est important d’exprimer aussi ce qui va bien, de féliciter l’adolescent quand il respecte les règles, de lui dire qu’on a remarqué ses efforts, même si tout n’est pas parfait. Il est beaucoup plus important de valoriser ses progrès, plutôt que de se disputer à propos de ce qui ne va pas encore.
Parfois, malgré les efforts de chacun, le dialogue ne se rétablit pas, la situation reste problématique. N’hésiter pas alors à vous faire aider, par exemple auprès d’une CJC (consultation jeunes consommateur). Il en existe plusieurs, et elles vous recevront même sans l’adolescent. Je vous souhaite bon courage. Bien cordialement