Compagnie La Magouille
Marionnettes, théâtre d’objets
pour et avec les patients
pour et avec les professionnels
La compagnie La Magouille, développe aux côtés du CHU de Rouen, plusieurs volets d’interventions pour et avec les patients mais aussi pour et avec les professionnels de santé.
Un premier projet a été déployé sur 4 ans à l’hôpital de Oissel : « Eros en bref » auprès des personnes âgées ; puis un second projet « Le rêve de Yüki » à destination des enfants hospitalisés amorcé en 2020, mais stoppé par la crise sanitaire. Afin de s’adapter au mieux, le projet a été repensé par la création d’une forme dédiée aux adolescents : « Rencontre avec un Yokaï ».
Créée en 2008, le projet global de la compagnie La Magouille est axé sur deux lignes de conduite : la défense de textes d’auteurs d’une part et la création de spectacles visuels apparentés aux arts du théâtre avec des objets ou des marionnettes d’autre part. Solène Briquet et Cécile Lemaître mènent ensemble une recherche autour du vivant et du domaine plastique et utilisent l’acteur, la manipulation d’objets ou de marionnettes comme principaux outils d’expression.
Auprès des enfants
Du rêve de Yüki à …
En 2019-2020, la Compagnie La Magouille a proposé d’investir le secteur de pédiatrie du CHU de Rouen, en résonance avec ses recherches artistiques en vue d’une création jeune public.
Ainsi, le projet visait à investir 5 services de pédiatrie de l’hôpital Charles-Nicolle pour favoriser la rencontre, sur un temps long, des enfants hospitalisés et des marionnettes ou matériaux manipulés afin de trouver un langage commun, entre l’enfant, le marionnettiste et le soignant et inventer un dialogue créatif pour une prochaine création théâtrale pour le jeune public.
Ce projet initié en 2020 s’est confronté à la réalité sanitaire qui a stoppé sa mise en place. Des visios ont été testées entre les jeunes patients et les marionnettistes, mais rien ne vaut une rencontre physique pour favoriser l’interaction. Le projet a été mise en stand by.
A cette période, le constat d’un afflux d’adolescents hospitalisés a invité à penser une forme qui leur serait dédiée. A cet égard, les artistes de la Compagnie sont allées à leur rencontre. Les échanges ont permis de développer une « petite forme » de 20 minutes imprégnée de l’univers japonais.
la « Rencontre avec un Yokaï »
Cette petite forme a été proposée dans deux secteurs de pédiatrie pour les adolescents qui l’ont accueillie avec enthousiasme, le sourire aux lèvres.
Résumé
On fait la rencontre de Chakoru, un personnage joyeux et plein de poésie. Un jour, mystérieusement, un Yokaï se révèle et vient le taquiner puis progressivement l’envahir. Courageux, il se met alors au défi de combattre cette créature étrange et il lui faudra au moins la force des samouraïs pour y parvenir, coûte que coûte.
Histoire de sa création
Le point de départ est la rencontre avec les enfants accueillis en pédiatrie au CHU de Rouen, en lutte avec la maladie qui les assaille et malgré tout la force de vie et l’appétence à plonger dans un imaginaire qui les anime.
La création s’offre comme une opportunité de répondre à la nécessité de sublimer la maladie, de la transcender et de mettre en avant le parcours face à ce qui arrive sans prévenir : ce courage qu’il faut pour aller combattre et dépasser la douleur.
L’univers des créatures japonaises appelées les Yokaïs, découvertes par les artistes au travers des mangas, de l’œuvre cinématographique de Miyazaki ou des livres Shigeru Mizuki, est apparu pertinent pour donner à transposer la situation dans un monde fantastique et brouiller les pistes du réel.
Par ce spectacle, les artistes se mettent à hauteur d’enfant pour lequel croire que tout est possible est habituellement chose naturelle. L’enfant devient une sorte de samouraï combatif. Un Yokaï aux facettes tantôt joueuses, tantôt cherchant à faire peur, fera son apparition.
L’histoire comprend plusieurs niveaux de lecture allant du jeune samouraï qui combat le Yokaï au jeune garçon cherchant à vaincre la maladie venue le dévorer.
L’esthétique générale cherche le contraste en référence aux mangas noir et blanc et vient côtoyer le gore sublimé par la couleur pour flirter avec le grotesque. Ainsi, tous les âges peuvent s’y retrouver.
Pourquoi le Japon
Pour les artistes, ce pays évoque à la fois l’univers de la cour impériale, des samouraïs, de l’animisme ainsi que les catastrophes comme Hiroshima ou Fukushima, ou encore un monde moderne évoluant à la vitesse grand V où la robotique est poussée jusque dans l’assistance de vie. Ce frottement entre tradition, nature et prouesse technologique interroge.
La petite forme « rencontre avec un Yokaï » représente les prémices d’une exploration vers le Japon. Elle est un point de départ pour faire connaissance avec une nouvelle culture, différente de la nôtre, et viendra nourrir un projet de spectacle de la compagnie, de plus grande envergure, sur l’éco-anxiété chez les adolescents.
Les yokaï
« Yokai » signifie entre autre « apparition ». Sous ce terme générique, on nomme toutes sortes de créatures surnaturelles diverses. Certaines sont issues d’anciennes légendes du folklore japonais, d’autres, plus modernes, ont été créées de toutes pièces par des artistes de l’époque Edo (1600-1868). Il existe des yokaï bienveillants et d’autres très dangereux qui hantent les nuits des humains. Entre les deux genres, il existe une multitude de yokaï facétieux s’amusant à jouer de mauvais tours aux humains. La Compagnie a imaginé peupler son oeuvre marionnettique pour amener fantasmagorie, mystère, fantaisie et humour.
Mise en scène : Solène BRIQUET / Jeu : Charles LEVASSEUR accompagné de Solène Briquet
Factrice de marionnette/Costumes : Matisse WESSELS
Projet soutenu par le CHU de Rouen (via le dispositif Culture-Santé et le soutien de la Métropole Rouen Normandie), et le dispositif « Culture, Territoire, Enfance et Jeunesse » (CTEJ) en lien avec la Communauté de Communes Campagne de Caux.
Auprès des personnes âgées – Hôpital de Oissel
Le projet partenarial entre le CHU de Rouen et La Magouille a émergé d’une problématique de recherche artistique menée par la compagnie intitulée « EROS en bref », entrant en résonance avec le projet de soins des professionnels en vue de favoriser une prise en charge globale des patients.
A cet égard, la compagnie a marqué sa présence par des performance en déambulation dans les lieux de vie, dans les chambres, mais aussi en proposant des temps de lectures de textes et de restitution publique.
Durant 3 années, la Cie La Magouille s’est immergée auprès des patients et des professionnels de santé. Ce temps long a permis de s’imprégner du territoire, de favoriser les rencontres, les échanges, de nouer des liens de confiance qui ont permis d’extraire une matière artistique pour la création de spectacles afin de mettre problématiques de société taboues.
A cette occasion, les patients sont devenus des spectateurs-partenaires de théâtres improvisés dans les couloirs et les chambres. Chacun ayant l’opportunité de redécouvrir sa capacité à exercer un regard critique, à exprimer sa créativité, à s’ouvrir aux approches sensibles, poétiques, déroutantes et stimulantes.
Pour les soignants,
Eros a été l’occasion d’aborder, par un travail d’échanges, les pratiques professionnelles liées à la sensorialité, à l’intimité, à la pudeur, à l’expression du désir et du plaisir chez les personnes âgées en institution, notamment dans le cadre de la collaboration avec la sexologue de l’établissement.
De leur rencontre avec le territoire hospitalier, Solène Briquet et Cécile Lemaître ont fait émerger deux créations pour la scène.
GASTON LA BANANE
Le spectacle
Gaston la banane, pour une marionnettiste et une marionnette, issu de la résidence de la Compagnie à l’hôpital de Oissel auprès des patients et professionnels de santé.
Ce spectacle a été présenté à une trentaine de personnels de Oissel, après la 1ère phase de covid, les équipes ont été très touchées par cette proposition artistique.
FEUFEUROÏTE
Feufeuroïte est né du constat, par l’expérience de terrain, qu’il y a à cet endroit de notre société un vrai besoin, un manque à combler et en premier lieu un tabou à lever : la question de la sensualité et de la sexualité de nos anciens. Ainsi, il est apparu essentiel aux artistes de mettre en scène cette problématique du rapport au corps, à l’intimité dans une institution hospitalière, particulièrement chez les personnes âgées. La question du désir, de l’amour en institution provoque souvent une gêne, un déni, voire un rejet des familles comme du personnel, comme si on n’aurait plus de droit de s’aimer quand on a 70 ou 80 ans.
La rencontre des artistes avec la sexologue Manon Bestaux a confirmé cette envie de travailler sur la thématique du désir, de « l’Eros » comme pulsion de vie, désir d’amour, de tendresse. C’est en se projetant à « quand on sera vieux » que saute aux yeux la nécessité d’insuffler la vie jusqu’au bout. Battre la morosité, l’ennui et la déprime, renouer avec les sensations de douceur quand tout est meurtri et faciliter l’échange sur des sujets essentiels avec des touches d’humour, tels ont été les objectifs de la Compagnie.
Lucie est aide-soignante.
Chaque jour, avec patience et bienveillance, elle lève, lave, porte et supporte les personnes âgées dont elle a la charge.
Mais quand survient l’hiver, se dégradent ses conditions de travail, s’étiole sa vie amoureuse.
Alors, pas à pas, la douceur laisse place à la précipitation, et les résidents de l’Ehpad en subissent les conséquences.
Comment, dans ce contexte, retrouver la tendresse perdue ?
Quels fantasmes et besoins agitent une âme fatiguée et un corps vulnérable ?
Ensemble, aide-soignante et seniors parviendront-ils à redonner du souffle à leur existence ?
« Feuferouïte (faut faire entendre) » a fait l’objet d’une commande d’écriture à l’autrice Julie AMINTHE afin de mettre en mots une fiction nourrie de plusieurs années d’interventions en hôpital gériatrique. Avec ce spectacle pour adultes à destination des grands plateaux, nous choisissons de mêler acteurs et marionnettes à taille humaine.
Ce spectacle permet de « faire entendre » ce qui ne s’exprime pas ou avec difficulté par le biais d’une corrélation de gestes aide-soignante/personnes âgées et marionnettiste/marionnette. Cela exprime puissamment une sorte de maxime en lien avec la dépendance physique et affective : « si tu ne t’occupes pas de moi, je meurs ».
Lien vers le site de la Cie La Magouille
Crédit photo : La Magouille
Avec le soutien du programme régional » Culture à l’hôpital, DRAC-ARS Normandie », de la fondation Audiens, de la Métropole Rouen Normandie, du CHU de Rouen.