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Médecine du travail du personnel hospitalier

L’épidémie d’hépatite C au centre d’hémodialyse de Béziers principalement due à une contamination interpatients via les mains des soignants

Infection Control and Hospital Epidemiology, septembre, vol.26, n°9, p.752-760
L’épidémie d’hépatite C au centre d’hémodialyse de Béziers principalement due à une contamination interpatients via les mains des soignants
Anne Savey, MD; Fernando Simon, MD; Jacques Izopet, MD, PhD; Agnès Lepoutre, MD; Jacques Fabry, MD; Jean-Claude Desenclos, MD, PhD
‘La plus importante épidémie d’hépatite C survenue chez des dialysés -22 cas en 2001 au centre d’hémodialyse de Béziers (Hérault)- a eu pour principale origine une contamination de patient à patient via les mains des professionnels de santé, conclut l’enquête menée sur ce sujet. Les résultats de cette enquête, qui n’excluent pas non plus complètement une transmission verticale via un appareil de dialyse utilisé auparavant par un patient infecté par le virus de l’hépatite C (VHC), ont été publiés dans la revue Infection Control and Hospital Epidemiology de septembre.
‘Le 20 décembre 2001, un centre privé d’hémodialyse dans le sud de la France [prenant régulièrement en charge environ 70 patients] a notifié au Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (C.Clin) Sud-Est 9 cas de séroconversions vis-à-vis du VHC trouvés après un dépistage de routine entre septembre et décembre 2001’, rapportent le Dr Anne Savey, du C.Clin Sud-Est, et ses collègues.
Le 17 janvier 2002, 13 cas supplémentaires de nouvelles infections par le VHC ont été identifiés et le centre a été fermé le 22 janvier 2002 par Bernard Kouchner, qui était alors ministre délégué à la Santé, suite à un grand battage médiatique. L’unité a ouvert à nouveau ses portes deux mois après sa fermeture, ajoutent les auteurs.
Ainsi, sur les 61 patients qui ont été traités dans le centre en 2001 et qui n’étaient pas infectés par le VHC, 22, soit 36,1%, ont été infectés par le VHC probablement entre le 23 mars et le 25 décembre 2001, avec un taux de densité d’incidence de 70 pour 100 patient-années.
Il s’agit de ‘la plus grosse épidémie d’hépatite C jamais rapportée parmi des patients recevant des dialyses’, commentent les auteurs en soulignant qu’ils n’ont trouvé aucune exposition ni aucun facteur de risque communs pour expliquer la survenue des cas.
Six patients étaient connus en 2001 pour être infectés chroniquement par le VHC. L’analyse phylogénétique a permis de trouver 4 différents génotypes de VHC, avec dans chaque groupe des virus similaires entre les cas et un patient index connu pour être chroniquement infecté.
La transmission du VHC est survenue le même jour, soit durant la même séance -suggérant une transmission horizontale via les professionnels de santé-, soit la séance d’après -qui pourrait être en accord avec une transmission verticale probablement par les appareils de dialyse-, ou les deux.
L’analyse des structures, des équipements, des plannings du personnel et des pratiques professionnelles a montré un sous-effectif, un grand turn-over, un manque de formation et de nombreuses brèches dans le contrôle infectieux. Leur accumulation conforte l’hypothèse de la transmission par les mains contaminées des professionnels de santé, leurs gants ou de petites pièces d’équipements médicaux.
L’étude cas-contrôle (22 cas, 62 contrôles) suggère aussi fortement que le VHC était principalement transmis via les professionnels de santé durant les connexions successives des patients aux appareils de dialyse. Une observation directe des pratiques a révélé de fréquents débordements de sang dans les doubles filtres artériels.
‘Durant cette épidémie, la transmission du VHC s’est faite principalement de patient à patient via les mains des professionnels de santé. Cependant, la transmission via les appareils de dialyse en raison d’une possible contamination de composants internes n’a pu être exclue’, concluent les chercheurs.
Ceux-ci soulignent les limitations de leur étude et notamment son caractère rétrospectif et le fait que l’audit des pratiques professionnelles ait été réalisé à partir de l’interview du personnel et d’observations dans une autre unité de la société qui possédait le centre de Béziers. En février 2002, Bernard Kouchner s’était déclaré déçu par le résultat des études en cours.’

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